Howard Zinn – Une histoire populaire américaine

Un film de Olivier Azam et Daniel Mermet

Première partie.
Ce film est l’histoire du peuple. Celle des gens qui triment, qui luttent, solidaires, immigrés, travailleurs, qui n’ont que leur boulot pour vivre et leurs combats pour imaginer un autre monde. Une histoire qui n’est presque jamais enseignée à l’école, l’histoire sociale. Elle est racontée aux États-Unis, sur le fil de la vie et des mots d’Howard Zinn, l’auteur d’Une histoire populaire des États-Unis.
Non, les États-Unis ne sont pas que le temple du consumérisme. La lutte des classes, les luttes des femmes, le syndicalisme radical y ont été bien plus puissants qu’en Europe. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la classe ouvrière américaine était d’une incroyable vitalité. La répression patronale et étatique aussi. Comme lors de la grève suivie du massacre de Ludlow en 1914, qui mena à une véritable insurrection armée des grévistes.
Ou les tirs dans la foule de Haymarket Square, Chicago, en mai 1886 et les condamnations à mort qui suivirent (la justice est presque toujours une justice de classe). L’ampleur des manifestations du premier mai vient de là (et il s’agit bien d’une journée de revendication des travailleurs et non d’une absurde « Fête du travail » que ne pouvaient imaginer que des pétainistes). Avec des mots simples, des interviews de pointures comme Zinn ou Chomsky, le film rappelle quelques idées-forces. Howard Zinn – Une histoire populaire américaineComme la seule différence qui existe entre le salariat et l’esclavage : le premier est temporaire. Ou le rôle essentiel des anarcho-syndicalistes et des libertaires dans l’histoire du socialisme. Tout ce que nous devons aux luttes de tous ces syndicalistes et socialistes d’il y a un siècle. Les parallèles saisissants qui existent entre les luttes sociales dans tous les pays, quels que soient les peuples. Ou encore la logique strictement capitaliste qui a entraîné l’entrée dans la première guerre mondiale des USA (s’assurer du remboursement des immenses prêts accordés, augmenter les bénéfices des industriels). D’ailleurs, l’histoire montre que chaque fois qu’un pouvoir s’est senti contesté ou en difficulté il a sorti la carte du nationalisme, du patriotisme pour engager quelque guerre, prompte à resserrer les rangs autour du drapeau d’un État, fiction armée d’un intérêt commun qui ne l’est pas (« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », Anatole France ; « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent, mais ne se massacrent pas », Paul Valéry). Le film rappelle aussi, citations et faits à l’appui, l’action simplement criminelle des grands capitaines d’industrie, Rockefeller, Frick, Carnegie et autres JP Morgan. Ils avaient un leitmotiv : ne jamais laisser croire que la révolte peut réussir. Rien n’a changé aujourd’hui.
Mais au-delà de cette histoire en images, qui n’est pas une illustration du livre de Zinn, ce film donne l’immense plaisir de revoir et entendre les Mother Jones, Albert Parsons, Joe Hill, Emma Goldman, Alexandre Berkman, Rosa Luxembourg, Howard Zinn, Noam Chomsky…
Du pain et des roses. C’est notre histoire que raconte ce film.
http://www.lesmutins.org/howard-zinn-une-histoire-populaire-50



Leo S. Ross
04 05 2015