Trieste

Trois femmes à Trieste,
Se promènent comme le temps,
Sans passer.
Elles marchent aux confins de l’Adriatique.
La ville où tout passe.
Trieste et ses vieux murs, quais et pentes fatiguées,
Trieste débordant de jeunesse,
Mouillage de l’odyssée du siècle, ou d’un autre,
Trieste qui hésite.
Trois femmes dans la ville ouverte d’une mer impasse,
Marchent entre les foudres de la Bora.
Elles promènent leurs épaules et leurs hanches,
Poussent les escaliers, grimpent les portes en bois,
Avec leurs petits sacs remplis de secrètes volontés.
Les bras légers et le cœur à fleur de peau,
Elles font le destin des hommes.
Le vent, la vie et les navires :
Tout passe, sauf le temps,
Tout passe, sauf les trois femmes de Trieste.
En les voyant dans la ville indécise,
L’espace d’un instant fin comme leurs cheveux,
J’ai vu le temps.
Le seul, celui qui ne passe pas.

Trieste

*

Tre donne a Trieste,
Avanzano come fa il tempo,
Senza passare.
Camminano al confine dell’Adriatico.
La città dove tutto scorre.
Trieste e le sue antiche mura, banchine e rampe stanche,
Trieste che trabocca di gioventù,
Ormeggio dell’odissea del secolo, o di un altro,
Trieste che esita.
Tre donne nella città aperta di un mare chiuso,
Camminano tra i fulmini della Bora.
Portano in giro le proprie spalle e i propri fianchi
Spingono le scale, salgono le porte in legno,
Con le borsette piene di volontà segrete,
Le braccia leggere e il cuore in tumulto.
Fanno il destino degli uomini.
Il vento, la vita e le navi :
Tutto passa, a parte il tempo,
Tutto passa, tranne le tre donne di Trieste
Vedendole nella città indecisa,
Nel breve istante, fine come i loro capelli,
Ho visto il tempo.
L’unico, quello che non passa.


Traduction Rossella Gotti



Leo S. Ross
13 12 2014